Le Mali, le Niger et le Burkina Faso quittent officiellement la CEDEAO

La décision du Mali, du Niger et du Burkina Faso de quitter la CEDEAO, prise le 28 janvier de l’année dernière, a pris effet après un an.

Newstimehub

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21 Mar, 2025

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Ces trois pays ont officiellement quitté la communauté aujourd’hui, mais ils ont une période de transition de six mois (jusqu’au 28 juillet 2025) pour revenir à la CEDEAO s’ils changent d’avis.

Cependant, le Mali, le Niger et le Burkina Faso affirment qu’un retour dans la communauté est impossible.

Un journaliste de l’Agence Anadolu (AA) a retracé le processus qui a conduit à ce départ, surnommé « Sahelexit » par l’opinion publique.

Les tensions causées par les coups d’État militaires

Les relations entre la CEDEAO et ces trois pays se sont détériorées à la suite de cinq coups d’État militaires successifs entre 2020 et 2023.

La CEDEAO avait imposé diverses sanctions aux pays après les coups d’État de 2020 et 2021 au Mali, ainsi que ceux de 2022 au Burkina Faso, exigeant l’organisation immédiate d’élections démocratiques.

Le Mali et le Burkina Faso avaient pris certains engagements concernant l’organisation d’élections démocratiques, ce qui avait conduit la CEDEAO à lever ses sanctions.

Bien que la CEDEAO ait été sévèrement critiquée par ces pays pour ses sanctions, les relations avaient néanmoins continué sous tension.

Cependant, le coup d’État militaire de juillet 2023 au Niger a marqué un tournant décisif dans les relations entre ces trois pays et la communauté.

La CEDEAO avait alors adopté plusieurs sanctions contre le régime militaire qui maintenait le président déchu, Mohamed Bazoum, en résidence surveillée.

Le fait que le Niger, dernier allié occidental au Sahel, soit également dirigé par des militaires avait poussé la CEDEAO, sous l’influence de la communauté internationale, à prendre des mesures plus sévères.

Le 10 août 2023, la CEDEAO avait annoncé qu’une intervention militaire serait menée au Niger si Bazoum n’était pas libéré et si l’ordre constitutionnel n’était pas rétabli.

Bien que la communauté n’ait pas précisé la date d’une éventuelle intervention, le Burkina Faso et le Mali avaient déclaré qu’ils se tiendraient aux côtés du Niger en cas d’opération militaire contre lui.

Après plusieurs tentatives de médiation, la CEDEAO avait finalement abandonné l’option militaire, mais ses relations avec les trois pays s’étaient fortement détériorées.

L’Alliance des États du Sahel

À la suite des tensions avec la CEDEAO, le Mali, le Niger et le Burkina Faso avaient signé en septembre 2023 la Charte de Liptako-Gourma, créant ainsi l’Alliance des États du Sahel (AES).

Le 28 janvier 2024, ces trois pays avaient annoncé leur décision de quitter la CEDEAO, accusant l’organisation d’être sous l’influence de puissances étrangères et de trahir ses principes.

En juillet 2024, ils avaient également signé une déclaration commune prévoyant la création d’une « Confédération des États du Sahel ».

Le départ de la CEDEAO étant soumis à un préavis d’un an, leur demande a pris effet aujourd’hui.

Un passeport commun et une force militaire conjointe

Depuis l’annonce de leur départ, la CEDEAO avait tenté plusieurs médiations, mais les trois pays avaient réaffirmé à plusieurs reprises qu’ils ne reviendraient pas sur leur décision.

Lors du 66ᵉ sommet des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, tenu le 16 décembre 2024 à Abuja, la capitale du Nigeria, la décision de retrait des trois pays avait été officiellement validée.

Le 22 janvier, ces trois pays ont annoncé la création d’une force commune de 5 000 soldats pour lutter contre le terrorisme au Sahel. Cette force devait entrer en fonction aujourd’hui.

Par ailleurs, le Mali, le Niger et le Burkina Faso quitteront le système de passeport commun de la CEDEAO et envisagent de créer un passeport commun dans le cadre de l’AES.

On ignore encore si un nouveau régime de visa sera mis en place entre les États membres de la CEDEAO et ceux de l’AES.

La Mauritanie avait été le dernier pays à quitter la CEDEAO

Avec le départ du Mali, du Niger et du Burkina Faso, tous les États membres restants de la CEDEAO sont désormais des pays côtiers.

La CEDEAO est désormais composée du Bénin, du Cap-Vert, de la Côte d’Ivoire, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, du Liberia, du Nigeria, du Sénégal, de la Sierra Leone et du Togo.

Le dernier pays à avoir quitté la CEDEAO était la Mauritanie en 2000, après avoir exprimé son souhait d’adhérer à l’Union du Maghreb arabe en 1999.

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